Les attaques d’une partie de la classe politique française contre les origines d’Eva Joly sont intolérables. Provenant pour partie de la droite conservatrice et de l’extrême droite, elles ne nous étonnent guère, venant s’inscrire dans un contexte déjà largement exploité par ceux qui offrent une vision étriquée - voire ethnique - de notre identité nationale.
Mais que le premier ministre semble joindre sa voix à la leur est inquiétant. Un nouveau cap vient d’être franchi. On s’attaque désormais à des responsables politiques, parlementaires français, en mettant en cause de manière directe leurs origines, distinguant ainsi plusieurs catégories de Français en fonction de leur ancienneté – réelle ou supposée - sur le territoire national.
Nous lançons donc un appel à la vigilance républicaine contre toute forme d’ethnicisation de la campagne présidentielle.
Il est du devoir de chaque citoyen, et à plus forte raison de chaque responsable politique de s’opposer sans réserve à la tentative de stigmatisation de certains Français en raison de leur origine. La citoyenneté politique ne saurait souffrir une liberté d’expression à deux vitesses, ou certains sujets seraient interdits à une partie de nos compatriotes au motif qu’ils ne correspondraient pas à un modèle unique de Français.
Il faut refuser que la présidentielle ne soit polluée par l’esprit de xénophobie et d’exclusion qui anime une frange de responsables politiques. Les Français ont besoin en ces temps de choix décisif pour la nation de lien et d’unité, et non de division.
La nation française est fondée sur un pacte civique. C’est dire qu’un citoyen, qu’il soit d’origine norvégienne ou hongroise, n’est pas moins légitime qu’un descendant de Celte. Comme candidat, ses propos et convictions peuvent et doivent être débattus, voire combattus, mais il ne saurait être délégitimé au motif de son lieu de naissance ou de la nationalité de ses parents.
Nous voulons donc redire ici notre opposition à toute forme d’exploitation de la xénophobie dans le champ politique, et assurer, dans le cas présent, de notre pleine solidarité à l’égard de Eva Joly, et à travers elle, à toutes celles et de tous ceux qui se sont sentis attaqués par le déferlement indigne des jours derniers.