Ce vendredi, Obama est intervenu suite au mouvement "Justice For Trayvon" : le positionnement du premier président noir de l’histoire du pays tient de l’équilibriste.
Obama sait - il l’évoquait dans son chapitre "race" il y a 18 ans dans son ouvrage The Audacity of Hope- qu’il est facile d’apparaître comme le "angry black man" (homme noir en colère) ? Qu’il se doit comme président d’être le plus rassembleur possible.
Il a pourtant choisi - et dans ce contexte c’est presque une surprise - de se solidariser clairement avec la communauté noire, utilisant le registre personnel de l’émotion. Je sais, moi Obama, ce que sait que d’avoir été regardé de travers par une femme blanche serrant son sac à main à votre vue etc.
C’est un nouveau mouvement des droits civiques qui émerge dans 101 villes américaines, soutenu par les artistes Beyoncé, Steeve Wonder, Jay Z, Bruce Springsteen etc.
Le XIXe siècle c’était le combat contre l’esclavage.
Le XXe siècle, contre la ségrégation raciste.
Le XXIe siècle s’ouvre avec la nécessité de dénoncer le profilage racial, qui fait qu’un jeune homme noir ne peut pas faire ses courses sans être suivi par un vigile ou marcher dans la rue sans être suspecté d’être un délinquant. Obama l’a dit : il sait ce que c’est de subir le profilage racial car il était "Trayvon" il y a 35 ans... Les parents de Trayvon ont clairement affirmé qu’il s’agissait d’un combat pour chaque enfant, au delà du cas de leur Trayvon...
Cet événement prend une ampleur forte car il est clairement à la confluence de trois problèmes américains :
1. le port d’armes
2. la loi sur la légitime défense (""Stand your ground")
3. la question raciale.
Mais c’est cette dernière qui m’apparaît comme surplombant les deux autres, car qui peut penser que si Trayvon (noir) avait pris le dessus sur Zimmerman (blanc) , la loi sur la légitime défense se serait appliquée ?